Historique de la fasciathérapie – 2e partie

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De la fasciathérapie à la rééducation sensorielle : émergence d'une gestuelle en relation avec soi

Corinne Arni, Fasciathérapie

Au cours d’une séance de fasciathérapie, le thérapeute a pour objectif de soulager la douleur physique et de rétablir une fonctionnalité. Quand le fasciathérapeute s’adresse aux muscles, les contractions et les tensions se relâchent, le corps retrouve une nouvelle souplesse. Quand il s’adresse aux articulations, le corps retrouve fluidité et amplitude dans ses mouvements. Le support de son toucher est le mouvement interne, force d’autorégulation qui mobilise l’intérieur du corps et qui en assure son fonctionnement.
Mais quelque fois, l’amplitude gagnée dans l’intimité du corps est bien plus grande que celle que montre le patient dans son geste. A nouveau debout, il n’ose mettre le poids de son corps sur sa cheville ou craint de bouger son épaule douloureuse, il reste dans sa zone de confort et ne sait comment explorer le gain vécu lors de la séance de fasciathérapie.
D’autre part, le patient peut percevoir des manifestations inédites en lui comme une mobilisation des tissus, un mouvement lent, doux et profond, de la chaleur, des tonalités internes… Il se sent concerné par le toucher mais n’accède pas toujours au contenu de son expérience.
Comment extérioriser ce langage silencieux, ce langage intérieur enfoui dans la confidentialité tissulaire ?
Une rééducation en lien avec le mouvement interne
Pour rendre visible ce mouvement invisible tout en respectant la lenteur du mouvement interne et ses impulsions, Danis Bois s’est isolé et a étudié la gestuelle. De cette longue exploration du mouvement, il a mis en évidence les lois du mouvement, bases d’une nouvelle vision de la biomécanique articulaire qui privilégie le rapport perceptif au mouvement, la biomécanique sensorielle.
L’élément essentiel de cette organisation interne est le mouvement de base, un mouvement lent et linéaire, support de tout geste. Pour comprendre ce principe, prenons l’exemple du mouvement de flexion du tronc en avant (mouvement que l’on fait quand on veut toucher avec ses mains le bout de ses pieds) qui s’accompagne d’un mouvement linéaire postérieur (mouvement de recul du bassin) pour maintenir le corps en équilibre dans un minimum d’effort. Ainsi, percevoir et mettre en action ce mouvement linéaire au sein d’un mouvement lent, offre une amplitude articulaire plus généreuse et fluide.
Cette rééducation sensorielle du geste – ou gymnastique sensorielle – reproduit dans le visible les caractéristiques du mouvement interne rencontrées dans le toucher. Elle offre au patient un espace où il peut explorer le mouvement de son corps en suivant les consignes progressives du thérapeute.
D’autre part, pour faciliter l’apprentissage de ces mouvements, Danis Bois a créé une chorégraphie gestuelle, le mouvement codifié. Suivre cet enchaînement gestuel permet au corps d’être en cohérence avec l’organisation interne du mouvement. C’est la raison pour laquelle cet enchaînement est profondément thérapeutique et installe un rapport perceptif à son geste. De plus, cet apprentissage de mouvements simples est une opportunité pour le patient de consolider le soin chez lui et de retrouver son autonomie.
Une rééducation en lien avec le vécu du patient
La rééducation sensorielle est également une pédagogie de l’action qui sollicite une prise de conscience de soi dans le geste. Elle s’effectue en relation avec le vécu du patient en consolidant les bases du mouvement pour ensuite explorer de nouveaux horizons gestuels. Le geste devient un mode d’expression de son vécu interne, une expression de soi en relation avec ses élans et ses enjeux de vie.
La rééducation sensorielle propose, au sein du même geste, de soigner et d’éduquer le patient à une perception de son corps en mouvement. La pratique de la gymnastique sensorielle tout en enrichissant la gestuelle de nouvelles possibilités et la relation au corps de nouvelles perceptions, a pour objectif d’exprimer son vécu intérieur dans une gestuelle visible authentique.
Dans l’historique de la fasciathérapie, la première expression offerte au patient a été celle d’un geste visible. Même si elle est encore inaudible, cette expression est déjà extériorisation d’un vécu.
Avec la rééducation sensorielle, la fasciathérapie propose, au sein du même geste, de soigner et d’éduquer le patient à une perception de son corps en mouvement.